« Tout le monde » ou « tous le monde » : comment l’écrire correctement ?

Sur les réseaux, dans les copies et jusque dans les e-mails professionnels, une hésitation revient sans cesse : faut-il écrire « tout le monde » ou « tous le monde » ? La question paraît anodine, mais l’erreur se glisse vite dans nos phrases les plus ordinaires. Pourquoi cette confusion persiste-t-elle, et comment s’assurer de faire juste à chaque fois ? Une règle simple existe, encore faut-il la connaître intimement.

Pourquoi écrire « tout le monde » et non « tous le monde » ?

La forme correcte est « tout le monde ». Elle s’explique par la structure même de l’expression. D’un côté, « le monde » est un nom masculin singulier. Il désigne l’ensemble des gens, certes, mais grammaticalement, il reste un nom au singulier. De l’autre, « tout » est ici un adjectif indéfini qui s’accorde avec le nom qu’il qualifie. Puisque « le monde » est singulier masculin, on écrit « tout » au singulier masculin.

L’expression forme une locution figée : elle possède un sens global — « l’ensemble des gens », « chacun » — et se traite comme une unité. Même si la réalité qu’elle désigne est multiple, son fonctionnement grammatical est celui du singulier. D’où l’erreur fréquente, « tous le monde », qui mélange le ressenti d’un pluriel avec la règle d’accord exigée par la locution.

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Accord et conjugaison avec « tout le monde »

Avec « tout le monde », le verbe se conjugue au singulier. On écrira : « Tout le monde est arrivé », « Tout le monde comprend », « Tout le monde s’est inscrit ». Cette concordance confirme la nature singulière de l’expression. Le pronom de reprise suit la même logique : « Tout le monde a donné son avis, il sera pris en compte. »

Attention à ne pas forcer le pluriel par contagion sémantique : « Tout le monde sont contents » est fautif. On dira correctement : « Tout le monde est content », ou, si l’on veut insister sur la pluralité : « Toutes et tous sont contents », où « tous » reprend alors sa vraie place.

Mémos pratiques pour retenir « tout le monde »

Quatre repères simples ancrent la bonne forme. 1) Pensez « le monde » au singulier : si le nom de base est singulier, « tout » l’est aussi. 2) Remplacez par « chacun » : si la phrase garde le sens, « tout le monde » est la bonne solution. 3) Visualisez une unité collective : une foule vue comme un bloc, une totalité unique. 4) Vérifiez la conjugaison : si le verbe est au singulier, vous êtes sur la bonne voie.

Ces réflexes valent en toutes circonstances, à l’oral comme à l’écrit, et aident à résister aux faux amis créés par l’intuition du pluriel.

Exemples qui clarifient « tout le monde »

Quelques phrases pour ancrer l’usage : « Tout le monde a reçu l’invitation » ; « Tout le monde attend la décision » ; « Tout le monde se pose la même question ». Dans chacune, remplacez par « chacun » : « Chacun a reçu l’invitation ». Le sens reste intact, la grammaire suit.

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Comparez maintenant avec des formulations proches : « Ils sont tous partis » (ici, « tous » est adverbe d’extension, accord facultatif à l’oral mais clair au pluriel) ; « Tous les invités sont là » (déterminant pluriel) ; « Nous les saluons tous » (pronom/adverbe postposé). Ces structures n’ont rien à voir avec la locution tout le monde.

Pour varier la formulation sans perdre le sens, plusieurs équivalents existent selon le contexte : « chacun », « chaque personne », « l’ensemble des gens », « toutes les personnes », « la collectivité ». À l’oral soutenu, « toutes et tous » convient pour insister sur l’inclusion.

Quand « tous » est correct ? Pièges et bons usages

Le mot « tous » a des fonctions légitimes… ailleurs. Comme déterminant, il s’emploie devant un nom au pluriel : « Tous les élèves ont rendu leur copie ». Comme pronom, il remplace un groupe pluriel : « Ils sont tous d’accord ». Comme adverbe, il marque l’extension : « Elles sont toutes ravies ». Dans ces cas, le pluriel est logique et attendu.

Le piège naît lorsque l’on greffe « tous » sur « le monde ». Le nom restant au singulier, l’accord se brise : « tous le monde » est incorrect. Pour éviter l’hésitation, remplacez mentalement par « chacun » : si la substitution fonctionne, la structure exige « tout le monde ». À l’inverse, si votre phrase implique forcément un pluriel réel (personnes identifiables, sujet multiple), choisissez « tous » dans ses rôles légitimes : « Tous sont concernés », « Tous les collègues participent », « Ils sont tous arrivés ».

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Dernier écueil : confondre « tout » adjectif et « tout » adverbe. Adjectif, il s’accorde avec un nom : « tout le monde ». Adverbe, il peut rester invariable (« c’est tout simple ») ou s’accorder par euphonie devant un féminin commençant par consonne (« elles sont toutes petites »). Rien de tout cela ne modifie la règle fixe de « tout le monde ».

Retenir la bonne écriture de « tout le monde » tient à peu de choses : voir « le monde » comme un singulier, aligner l’accord de « tout » sur ce nom, et vérifier que le verbe suit au singulier. En cas de doute, la substitution par « chacun » offre un test fiable. Quelques alternatives — « chaque personne », « toutes et tous », « l’ensemble des gens » — permettent de varier le style sans perdre le sens. Avec ces repères, l’hésitation s’efface et l’expression gagne en précision, sans effort ni approximation.

Stephane

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