« N’hésite pas » ou « n’hésites pas » : que faut-il dire ?

Un détail minuscule, une hésitation qui persiste : faut-il écrire « n’hésite pas » ou « n’hésites pas » ? À l’oral, la différence s’évanouit, mais à l’écrit, elle saute aux yeux et façonne la crédibilité d’un message. Demander un service, donner un conseil, rassurer un collègue… la formule juste change tout. Alors, ordre, constat, permission ? Le doute s’installe, surtout face à la petite lettre finale. Et si on mettait enfin les choses au clair ?

Pourquoi écrire « n’hésite pas » sans -s à l’impératif

La forme « n’hésite pas » correspond à l’impératif, registre des consignes, demandes et invitations. Avec les verbes du premier groupe (en -er), l’impératif à la deuxième personne du singulier ne prend pas de -s : on écrit hésite, comme on écrit parle, regarde, écoute. À la forme négative, on encadre le verbe : n’pas. D’où la tournure juste : « n’hésite pas ».

Les autres personnes de l’impératif confirment la logique : hésitons pour « nous », hésitez pour « vous ». Cette mécanique s’utilise constamment pour formuler un encouragement ou lever un frein : « N’hésite pas à poser tes questions », « N’hésite pas à vérifier les chiffres », « N’hésite pas à corriger le document si besoin ».

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La tournure est perçue comme bienveillante : elle invite sans brusquer. Par exemple : « N’hésite pas à passer me voir demain » — une manière courtoise d’ouvrir la porte sans imposer.

Quand écrire « tu n’hésites pas » au présent de l’indicatif

Dès que la phrase décrit un fait et non un ordre, on bascule au présent de l’indicatif : « tu n’hésites pas », avec un -s. Le pronom « tu » est explicitement présent, l’énoncé constate une habitude ou une action en cours : « Tu écris vite, tu n’hésites pas à relire », « Depuis quelques semaines, tu n’hésites pas à appeler les clients ».

La conjugaison rappelle la différence : j’hésite, tu hésites, il hésite, nous hésitons, vous hésitez, ils hésitent. Ce -s appartient donc à la logique de l’indicatif, pas à celle de l’impératif.

L’exception utile : le s euphonique après « y » et « en »

Reste une subtilité sonore, l’euphonie. À l’impératif affirmatif, quand un verbe du premier groupe à la 2e personne du singulier est suivi de « y » ou « en », on ajoute un s pour la liaison : « manges-en », « parles-en », et pour « aller » : « vas-y ». La présence de ce -s fluidifie l’articulation entre deux voyelles.

Attention : à la forme négative, ce -s disparaît : « n’en mange pas », « n’y va pas ». Cette règle ne change rien à « n’hésite pas », qui reste sans -s. On ne dira pas « n’hésites pas », même si l’oreille pourrait s’y tromper.

« n’hésite pas » au quotidien : conseils, politesse, nuances

Dans la communication professionnelle comme personnelle, « n’hésite pas » sert à ouvrir un espace d’action : demande, relance, initiative. On l’emploie pour encourager sans mettre de pression : « N’hésite pas à revenir vers moi en cas de doute », « N’hésite pas à proposer une autre approche ». La formule signale à l’interlocuteur une permission claire : il ou elle peut y aller.

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Le registre est d’autant plus appréciable qu’il combine politesse et efficacité. En contexte d’équipe, on valorise la proactivité : « N’hésite pas à partager ton avancement », « N’hésite pas à demander un coup de main ». Même nuance en privé : « N’hésite pas à passer me voir demain », « N’hésite pas à te servir si tu as faim ».

Astuce mémoire et synonymes pour éviter « n’hésites pas »

Le réflexe à adopter : repérer la présence du pronom « tu ». S’il est là, on est à l’indicatif : « tu n’hésites pas ». S’il est absent, on est à l’impératif : « n’hésite pas ». En d’autres termes, pas de « tu » ? Pas de « s ».

Autre levier : remplacer mentalement la formule par un synonyme impératif. Si « n’hésite pas » peut se reformuler par « ose », « agis », « choisis », « fais », « n’aie pas peur de », on confirme l’impératif et donc l’absence de -s. Exemple : « N’hésite pas à me prévenir » → « Ose me prévenir » : la structure commande.

Mini‑test express : « n’hésite pas » ou « n’hésites pas » ?

1) _____ à corriger si quelque chose t’échappe.
2) Depuis quelques semaines, tu _____ à poser des questions en réunion.
3) S’il te plaît, _____ à m’appeler directement.
4) Quand tu es sûr de toi, tu _____ à trancher.
5) Pour la démonstration, _____ à prendre la main.

Solutions attendues : 1) n’hésite pas (impératif) ; 2) n’hésites pas (indicatif) ; 3) n’hésite pas (impératif) ; 4) n’hésites pas (indicatif) ; 5) n’hésite pas (impératif). Pour vérifier, cherchez le pronom sujet « tu ». S’il apparaît, c’est l’indicatif. Sinon, l’impératif s’impose.

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Repères rapides pour ne plus se tromper avec « n’hésite pas »

Impératif (ordre, conseil, permission) : « N’hésite pas à me contacter », « N’hésite pas à envoyer le rapport ». Formes associées : hésitons, hésitez.
Indicatif (constat, habitude) : « Tu n’hésites pas à appeler le client », « Tu n’hésites pas à défendre ton point de vue ». Conjugaison : tu hésites avec -s.
Euphonie à l’affirmatif avec « y »/« en » : « manges-en », « vas-y » ; mais à la négation : « n’en mange pas », « n’y va pas ».

Ce point d’orthographe tient à peu de choses et change tout à l’écrit. On utilise « n’hésite pas » à l’impératif pour ouvrir une possibilité, formuler un conseil, encourager une action immédiate. On réserve « tu n’hésites pas » au présent de l’indicatif pour constater un fait. En gardant ce tandem en tête — absence de « tu » ? pas de -s —, la petite lettre qui posait problème cesse d’en être un. Et l’on gagne en clarté, en précision et en assurance dans chaque message.

Stephane

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