Un simple accent peut mettre le doute. En rédigeant un e‑mail ou un commentaire, la hésitation surgit : « malgré » ou « malgrés » ? Cette petite seconde d’incertitude suffit à casser l’élan, voire à laisser passer une faute visible. Pourquoi cette confusion persiste‑t‑elle, et comment lever le doute pour de bon sans alourdir ses phrases ? Voici de quoi trancher sereinement… et écrire avec assurance.
Écrire « malgré » ou « malgrés » : lever l’ambiguïté
La forme correcte est « malgré ». Ce mot ne prend jamais de « s ». La graphie « malgrés » n’existe pas en français standard. Le mot s’explique très simplement : il vient de « mal » et « gré », au sens de « contre le gré », c’est‑à‑dire « en dépit de », « contre la volonté ». On comprend alors pourquoi l’ajout d’un « s » n’a pas lieu d’être.
Exemples immédiats : « Malgré la pluie, le match a eu lieu. » « Nous avons avancé malgré les obstacles. » « Il a accepté malgré lui. » Dans chacun de ces cas, le mot reste identique, invariable, quelle que soit la suite.
Pourquoi « malgré » reste invariable, même au pluriel
« Malgré » est une préposition. Or, comme toutes les prépositions, elle est invariable. On n’accorde donc rien : ni avec un nom au pluriel, ni avec plusieurs compléments, ni avec un pronom. Écrire « malgrés » par mimétisme (on voit un pluriel à côté) est une fausse piste.
Comparez : « Malgré ses efforts » / « Malgré leurs efforts » / « Malgré toutes ces contraintes ». La forme ne bouge pas. Un bon réflexe mnémotechnique : pensez au découpage « mal » + « gré » (deux blocs de trois lettres). Si vous entendez « en dépit de », vous pouvez presque toujours substituer « malgré » sans aucune transformation.
« Malgré » dans la phrase : placements et nuances utiles
Dans l’usage courant, « malgré » introduit un nom ou un pronom : « Malgré l’avis du médecin, il a continué. » « Je l’ai aidé malgré moi. » On rencontre aussi « malgré tout », qui signifie « quoi qu’il arrive », « de toute façon » : « Il viendra malgré tout. » Cette locution sert souvent à conclure une opposition : « Le contexte était difficile ; malgré tout, l’équipe a tenu. »
On lit parfois « malgré le fait que… ». La tournure est acceptable, mais souvent lourde. Pour alléger, remplacez par « bien que » ou reformulez : « Malgré la fatigue, il a terminé » plutôt que « Malgré le fait qu’il était fatigué… ». La phrase gagne en tension et en clarté.
Faut-il écrire « malgré que » ?
La structure « malgré que » appartient au registre soutenu et demeure aujourd’hui marginale. Elle ne s’emploie traditionnellement qu’avec le verbe avoir au subjonctif : « Malgré que j’en aie » (tour qualifié d’archaïque et de « précieux » par les grammairiens). Dans l’usage contemporain, on lui préfère nettement « bien que » ou « quoique » suivis du subjonctif : « Bien que j’aie de l’affection pour lui… »
En pratique, gagnez en naturel : « Malgré mon affection… » ou « Bien que j’aie de l’affection… ». Les deux solutions sont claires et idiomatiques. Réservez « Malgré que j’en aie » aux citations ou à un effet de style recherché.
« Malgré » ou « mal gré » : ne pas confondre
Attention au couple « malgré » (enchaîné) et « mal gré » (séparé). Le premier est la préposition vue plus haut. Le second n’apparaît que dans quelques expressions figées : « bon gré mal gré » (« de gré ou de force »), « au gré de », « de gré à gré ». On prononce pareil, mais l’orthographe indique le sens. Écrire « malgrés » brouille cette distinction et crée une faute visible.
Exemples : « Il avancera, bon gré mal gré. » « Les décisions évolueront au gré des résultats. » Dès que l’idée est « en dépit de », revenez à la forme unique : « malgré ».
Synonymes et reformulations pour varier sans faute
Pour éviter les répétitions, plusieurs équivalents conviennent selon le contexte : « en dépit de », « au mépris de », « nonobstant » (soutenu), « n’en déplaise à », « à son corps défendant » (selon le sens), ou encore les adverbes « pourtant », « quand même », « tout de même ».
Exemples rapides : « En dépit de nos avertissements, il a signé. » « Il a accepté, à son corps défendant. » « Le projet avance, quand même. » Gardez l’idée centrale : une opposition nette entre un obstacle et une action menée contre le gré ou « en dépit de ».
Mini-exercice : traquez « malgrés » dans ces phrases
1) Thomas a été ajouté à la conversation malgrés lui. — 2) Malgré la panne, le train est reparti. — 3) Elle a réussi malgré les erreurs du départ. — 4) Malgrés les consignes de sécurité, il a insisté. — 5) Il a tenu bon malgré tout. — 6) Son rendez-vous a duré, malgrés le fait qu’il s’agissait d’un contrôle.
Solutions : 1) faute → « malgré lui » ; 2) juste ; 3) juste ; 4) faute → « Malgré les consignes… » ; 5) juste ; 6) faute → « malgré le fait… » (ou mieux : « Malgré un simple contrôle, le rendez-vous a duré. »)
Repères express pour mémoriser « malgré »
• « Malgré » = « en dépit de ». Si la substitution fonctionne, vous êtes sur la bonne voie. • C’est une préposition invariable : aucun « s » ne s’ajoute. • Les formes fréquentes et correctes : « malgré moi », « malgré tout », « malgré + nom/pronom ». • Évitez « malgrés » et limitez « malgré que » au seul « malgré que j’en aie », d’allure archaïque.
Beaucoup de lectrices et lecteurs disent combien une règle claire change leur écriture quotidienne : moins d’hésitations, plus de fluidité. Si un doute persiste, relisez en remplaçant par « en dépit de » ; la bonne formulation s’impose d’elle‑même.
Rappelons l’essentiel : « malgré » s’écrit toujours sans « s » et reste invariable, car c’est une préposition. Il introduit un nom ou un pronom, se combine naturellement avec « malgré tout », et se reformule au besoin par « bien que » ou « quoique » lorsque l’on préfère une subordonnée au subjonctif. La tournure « malgré que j’en aie » existe, mais relève d’un usage vieilli et rare. Entre précision et simplicité, l’orthographe sans « s » vous garantit un style net, lisible et sûr.
- AAH et pension invalidité : conditions, cumul et montants à connaître - 11 novembre 2025
- « 1 élève, 1 stage » : plateforme pour faciliter le recrutement des élèves de collège et lycée - 11 novembre 2025
- Quelle formule de politesse utiliser pour un notaire ? - 11 novembre 2025