Chaque année, les pensions complémentaires Agirc-Arrco sont ajustées pour tenir compte de l’évolution des prix. Cette revalorisation, qui intervient traditionnellement le 1er novembre, vise à préserver le pouvoir d’achat des retraités du secteur privé. Pourtant, en 2025, la décision a pris une tournure inattendue : pour la première fois depuis la fusion des régimes Agirc et Arrco en 2019, aucune augmentation n’a été appliquée. Ce gel suscite l’inquiétude et la colère de nombreux retraités, qui voient dans cette absence de revalorisation une menace directe pour leur niveau de vie.
Comprendre le fonctionnement de la retraite complémentaire Agirc-Arrco
La retraite complémentaire Agirc-Arrco s’adresse à tous les salariés du secteur privé, cadres comme non-cadres. Elle repose sur un système de points : chaque cotisation versée tout au long de la carrière permet d’acquérir des points, ensuite convertis en pension lors du départ à la retraite. Le montant total dépend donc du nombre de points cumulés et de leur valeur au moment du calcul. Cette valeur, révisée chaque année, est déterminée par les partenaires sociaux représentant les syndicats et le patronat. Leur rôle est crucial, car ce sont eux qui fixent le taux de revalorisation en fonction de l’inflation et des équilibres financiers du régime.
Pourquoi aucune augmentation n’a été décidée en 2025
Le 17 octobre 2025, le conseil d’administration de l’Agirc-Arrco s’est réuni pour décider de la nouvelle valeur du point. Les discussions ont rapidement tourné au blocage : aucun consensus n’a pu être trouvé entre syndicats et organisations patronales. Cette absence d’accord a conduit à un gel pur et simple des pensions au 1er novembre 2025. Les raisons invoquées tiennent principalement à un contexte économique tendu et à une inflation modérée, estimée à environ 1 %. En appliquant la formule habituelle — inflation moins 0,4 point —, la hausse aurait été limitée à 0,6 %, jugée insuffisante pour justifier une revalorisation au regard de la situation financière du régime. Ce gel constitue une première depuis la fusion des deux régimes, marquant une rupture symbolique dans la politique de protection du pouvoir d’achat des retraités.
Quelles conséquences pour les retraités
Pour les retraités, l’absence d’augmentation signifie concrètement une perte de pouvoir d’achat. Même si l’inflation reste contenue, les dépenses du quotidien continuent d’augmenter, notamment dans l’alimentation, la santé et l’énergie. Un gel, dans un contexte de prix en hausse, équivaut à une diminution réelle du revenu disponible. Les retraités les plus modestes ou récemment partis à la retraite sont particulièrement touchés, car ils disposent de moins de marge financière. Ce blocage peut aussi impacter la confiance dans le système, certains craignant que cette décision ne crée un précédent. Les pensions nettes risquent par ailleurs d’être affectées indirectement si des ajustements fiscaux ou sociaux interviennent en parallèle.
Les réactions et positions des syndicats et du patronat
Du côté du patronat, la justification repose sur la nécessité de préserver les réserves du régime, estimées à plusieurs dizaines de milliards d’euros. Selon leurs représentants, une politique de prudence s’impose pour garantir la pérennité du système face à l’allongement de l’espérance de vie et aux incertitudes économiques. Les syndicats, eux, dénoncent une décision injuste et déconnectée de la réalité des retraités. Ils rappellent que le régime Agirc-Arrco est largement excédentaire et qu’une petite hausse n’aurait pas mis en péril son équilibre financier. Certains syndicats ont même parlé d’un “désengagement social” face à la fragilisation du pouvoir d’achat des anciens salariés. Plusieurs organisations ont demandé la reprise rapide des négociations pour envisager une correction au cours de l’année 2026.
Que peuvent espérer les retraités pour 2026 ?
Les perspectives pour 2026 demeurent incertaines. Si la conjoncture économique s’améliore et que l’inflation se stabilise, une revalorisation différée pourrait être envisagée. Les partenaires sociaux devraient se réunir à nouveau au second semestre pour évaluer la situation. D’ici là, les retraités doivent composer avec un revenu figé, ce qui pousse certains à revoir leur gestion budgétaire. Des experts conseillent d’utiliser les simulateurs disponibles sur le site de l’Agirc-Arrco afin d’anticiper l’évolution de leur pension future. Même si le régime reste solide, la prudence affichée par ses gestionnaires interroge sur l’équilibre entre soutenabilité financière et justice sociale.
En résumé
L’année 2025 marque une rupture dans la politique de revalorisation des pensions complémentaires. Pour la première fois depuis 2019, aucune hausse n’a été décidée, malgré une inflation positive. Ce gel, justifié par des raisons de prudence budgétaire, pèse directement sur le pouvoir d’achat des retraités. Si les syndicats dénoncent une décision injuste, le patronat défend la stabilité du régime. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si une correction interviendra en 2026. En attendant, les retraités doivent s’adapter à une situation inédite, qui soulève une question centrale : jusqu’où peut-on préserver les équilibres financiers sans compromettre la dignité des revenus de ceux qui ont travaillé toute leur vie ?
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