On lit souvent « j’ai fais » et beaucoup haussent les épaules en pensant à une broutille. L’oreille n’entend pas la différence avec « j’ai fait », pourtant la nuance orthographique est décisive pour la clarté et la crédibilité d’un texte. Entre le présent qui finit en -s et le participe passé qui se termine en -t, où placer le curseur ? Et existe-t-il un contexte où « j’ai fais » serait acceptable ?
« J’ai fais » ou « j’ai fait » : d’où vient l’hésitation
La confusion naît de la proximité sonore entre je fais (présent) et j’ai fait (passé composé). Au présent, la première personne de « faire » prend un -s : « je fais ». Au passé composé, on emploie l’auxiliaire avoir suivi du participe passé : « j’ai fait ». Cette forme en -t s’explique par l’étymologie latine (factum), qui a laissé sa trace graphique. Écrire « j’ai fais » revient à calquer la terminaison du présent sur le passé, ce que le français n’admet pas.
Un repère simple aide à dissiper le doute : si la phrase parle d’une action achevée, on écrit « j’ai fait ». Exemple courant et correct : « J’ai fait un croquis rapide », « J’ai fait mes bagages ». La version en « j’ai fais » est systématiquement fautive.
Accorder le participe passé avec « j’ai fait » : le rôle du COD antéposé
Avec l’auxiliaire avoir, le participe passé ne s’accorde pas avec le sujet, mais peut s’accorder avec le COD si celui-ci est placé avant le verbe. Sans COD antéposé, « fait » reste invariable : « Nous avons fait nos valises », « Elles ont fait des progrès ». Avec COD antéposé, il s’accorde : « Les erreurs que vous avez faites », « La tarte que j’ai faite », « Les maquettes que nous avons faites ».
Ce principe vaut aussi pour d’autres verbes du troisième groupe : « Les décisions qu’il a prises », « Les films que j’ai vus », « Les lettres qu’elle a écrites ». À l’inverse, avec l’auxiliaire être, l’accord se fait toujours avec le sujet : « Elle est allée », « Ils sont arrivés ».
« J’ai fais » ou « j’ai fait » à l’oral : s’appuyer sur le contexte
À l’oral, « je fais » et « j’ai fait » se prononcent pareil, d’où l’illusion orthographique. Pour choisir la bonne forme à l’écrit, fiez-vous au repère temporel et contextuel. Une action présente ou habituelle appelle « je fais » : « Je fais du sport le mercredi ». Une action accomplie appelle « j’ai fait » : « Hier, j’ai fait du sport ».
Autre astuce rapide : essayez de déplacer la phrase au féminin passif mentalement. Si « J’ai été faite » sonne juste (et non « faise »), c’est que la forme attendue au passé composé est « j’ai fait » avec un -t, pas « j’ai fais ».
Mémos pratiques pour ne plus hésiter entre « j’ai fais » ou « j’ai fait »
– Substitution éclair : remplacez « faire » par « dire ». On écrit « j’ai dit », pas « j’ai dis ». Par analogie : « j’ai fait », pas « j’ai fais ».
– Mémo graphique : le participe ressemble souvent à l’infinitif faire sans son « -re » → fait.
– Accord ciblé : cherchez le COD. S’il est placé avant, accordez : « Les tâches que j’ai faites ». Sinon, invariable : « J’ai fait ces tâches ».
– Pièges cousins : même vigilance avec « j’ai dit », « j’ai mis », « j’ai pris », qu’on confond parfois avec le présent « je dis », « je mets », « je prends ».
Exemples parlants autour de « j’ai fait » et accords utiles
Contexte courant : « J’ai fait le ménage », « J’ai fait un rêve étrange », « J’ai fait un détour ». Professionnel : « J’ai fait une présentation », « J’ai fait valider le budget », « J’ai fait corriger le rapport ».
Accord avec COD antéposé : « Les maquettes que nous avons faites ont été exposées », « La liste que tu as faite est complète », « Les photos qu’ils ont prises sont nettes ».
Pas d’accord : « Nous avons fait nos preuves », « Elles ont fait de gros efforts », « J’ai fait mes devoirs ». Avec être : « Elle est venue en avance », « Ils sont entrés discrètement ».
Mini-entraînement : valider le réflexe « j’ai fait »
Repérez les phrases correctement orthographiées puis vérifiez les corrections sous la liste.
1) J’ai fais une pause bien méritée. 2) Tu as fait un excellent choix. 3) Les dossiers que j’ai traité sont sur la table. 4) La chanson que tu as faite écouter m’a plu. 5) Nous sommes allés au musée. 6) Les analyses qu’il a faites confirment l’hypothèse. 7) Vous avez fait des progrès visibles. 8) Les séries que nous avons regardées passaient tard. 9) Elle a faite des biscuits pour tout le monde. 10) Les plans que vous avez fait sont précis.
Corrections : 1) faux → « J’ai fait… » ; 2) vrai ; 3) faux → « j’ai traités » (COD « dossiers » avant) ; 4) vrai (COD « la chanson » antéposé) ; 5) vrai (accord avec être) ; 6) vrai (COD « analyses » avant) ; 7) vrai ; 8) vrai ; 9) faux → « Elle a fait… » ; 10) faux → « que vous avez faits » (COD « plans » avant).
Comparaisons utiles pour ancrer « j’ai fait »
Quelques paires à garder en tête pour éviter les confusions entre présent et passé composé : « je fais / j’ai fait », « je dis / j’ai dit », « je mets / j’ai mis », « je prends / j’ai pris ». Aucun participe passé ne reprend la terminaison du présent. Ce rappel visuel fonctionne comme un garde-fou lorsque la main hésite au moment d’écrire.
Écrire « j’ai fait » n’est pas une coquetterie : c’est l’application nette d’une règle simple. Le participe passé de « faire » est fait et il ne prend jamais de -s après l’auxiliaire avoir, sauf accord avec un COD placé avant (« Les tâches que j’ai faites »). À l’oral, la confusion persiste ; à l’écrit, s’appuyer sur le contexte, le test du féminin et la substitution avec « dire » sécurise le geste. Avec un peu d’entraînement, le réflexe « j’ai fait » devient automatique et assainit l’ensemble de vos écrits.
- AAH et pension invalidité : conditions, cumul et montants à connaître - 11 novembre 2025
- « 1 élève, 1 stage » : plateforme pour faciliter le recrutement des élèves de collège et lycée - 11 novembre 2025
- Quelle formule de politesse utiliser pour un notaire ? - 11 novembre 2025