5.2 Les recommandations

 

            Ainsi, quatre recommandations semblent être inhérentes de par les résultats observés (pendant le projet cinéma). Soit qu’une attention toute particulière doit être porté à :

 

  • En tout premier lieu, la motivation intrinsèque par un développement des compétences transversales des jeunes à raison d’une période sur cinq amène un impact majeur dans la perception que l’élève se fait de l’école.
  • La conception complète d’un projet autonome divisé en étapes, possédant leur propre système motivationnel, afin de ne pas avoir recours à l’enseignant afin que les élèves évoluent et sachent s’orienter à travers le projet.
  • La position de l’enseignant ne doit pas être prescriptif dans un projet, mais doit prendre l’image d’un conseiller, d’un guide qui accompagnera le cheminement des élèves.
  • Une intégration des TIC accrue, compétence où l’enseignant n’a pas nécessairement à avoir un haut niveau de compétence, mais où il lui sera important d’amener sa classe à savoir résoudre ses difficultés rencontrées par un réinvestissement des élèves experts dans leurs différents domaines.

 

5.2.1 Penser à la motivation des élèves avant toute approche.

 

            L’erreur principale que les enseignants semblent faire et qui amène une démotivation claire dans les recherches récentes (Bouffard 2005) auprès des jeunes du primaire, est que l’enseignant ne semble pas avoir en tête, la motivation des élèves lors de ses démarches pédagogiques. Ou lorsqu’ils y pensent, ils instaurent souvent un système d’émulation qui semble plus avoir d’effets néfastes (dépendance au système, favorise plus la motivation extrinsèque que celle intrinsèque chez l’apprenant) que positif.

 

            L’autre erreur, est que l’enseignant semble faire lors de la mise sur pied d’un projet est de penser en premier au contenu disciplinaire de l’année qu’il a à enseigner. En agissant de la sorte, l’élève reconnaît très vite qu’un projet est en fait une production écrite, ou encore, une recherche, une lecture… Et s’il éprouve des difficultés à ces niveaux, l’enseignant devra alors avoir recours à une pédagogie différenciée s’il veut que le jeune garde son engagement. Donc, l’élève est encore dépendant d’une influence externe à ses actions (ici l’enseignant) afin qu’on trouve une manière de le faire s’engager. Et que dire du ralentissement de la classe qui se produit lors de l’apparition des comportements dérangeants de certains élèves démotivés qui recherchent leur attention, souvent, au détriment de l’ambiance du groupe.

 

            Alors que si l’enseignant s’assurait de concevoir un projet en pensant à tous les niveaux de motivation possible avant de penser à passer sa matière, il aurait, comme le démontre le présent travail, un impact réel sur de multiples niveaux dans sa classe. De plus, en se permettant de prendre une seulement une période par jour à cette fin, il arriverait quand même à continuer à adapter la matière pour ceux qui en ont besoin lors des autres périodes, et de s’assurer que ses élèves couvriront les compétences disciplinaires reliées à son niveau d’enseignement. Les répercussions d’une telle approche permettent un réinvestissement de l’engagement ou même, directement au niveau pédagogique par le vécu réalisé dans le projet, lorsque l’enseignant est dans une partie plus magistrale de l’apprentissage académique. De plus, cette approche procède par l’effet de l’autonomie sur le jeune, il lui appartient alors, dans ce type de projet, à savoir s’adapter à la réalité du projet, plutôt que de devoir adapter l’environnement à lui, donc, brimer son gain d’autonomie possible.

 

5.2.2 La conception du projet.

 

            Si la motivation du projet doit être tenue en compte lors de son élaboration, une démarche claire est scindée en étapes doit être présente. Une fois les étapes découpées par une forme ou une autre d’élément motivationnel, une élaboration d’étape peut s’entamer. Il est important ici de savoir doser entre une étape très intéressante pour l’élève, et de réussir à rendre l’étape précédente significative tout en recelant d’élément plus pédagogique (exemple, l’écriture d’un scénario dans un français adéquat avant l’écriture de l’histoire sous forme d’une bande dessinée).

 

            Dans l’élaboration du projet, entre aussi, l’élaboration des délais recommandés pour chaque étape. Élaborer veut dire bien définir les attentes qui amèneront à ce qu’une étape en particulier soit acceptées et non dans la manière de s’y prendre pour y arriver. Cette approche permet alors le développement du sentiment d’autonomie chez l’élève qui à son tour, rehausse le sentiment d’affiliation et d’engagement. Nous avons remarqué que l’engagement chez tous les participants s’accentue à mesure que le projet avance grâce à la planification des étapes simples, claires et significatives en fonction du but du projet.

 

            Par exemple, si une affiche publicitaire est recommandée (afin de faire connaître le film à un auditoire), elle ne peut pas être imprimée et publiée si elle possède des erreurs grammaticales. C’est donc ici le projet qui rend une compétence disciplinaire significative, et non l’inverse. Ce n’est pas non plus l’enseignant qui a la responsabilité d’amener ses élèves plus loin dans un investissement, mais bien la tâche significative minutieusement planifiée.

 

5.2.3 La position de l’enseignant

 

            Bien que les résultats aient dépassé nos attentes, cette démarche exige une modification de l’approche traditionnelle ainsi que de la gestion de classe. L’élément de contrôle souvent attribué à l’enseignant qui gère et qui coordonne la matière académique vue en fonction des délais entre les bulletins ne peut plus être utilisé ici. Cette espèce d’organisation connue seulement par le prof qui décide quelle matière sera vue à quelle heure de la journée ne peut plus tenir dans un tel projet. Certes, il se réservera du temps dans la grille horaire pour poursuivre l’acquisition de notions académique, toutefois, il ne pourra pas appliquer cette démarche directive aux différentes équipes qui se trouvent en acquisition d’autonomie dans ce genre de projet.

 

Pour arriver à de tels résultats motivationnels au niveau des apprenants, les étapes doivent être clairement définies pour les différentes équipes en étant marquées soit au tableau soit sur une page Web (pratique pour véhiculer l’information aux parents) ou soient dans un livret auquel les apprenants se réfèreront souvent. Mais les directives pour franchir les étapes ne peuvent et ne doivent pas venir de l’enseignant, sans quoi, il s’épuisera très rapidement. Car se donner la pression de gérer une dizaine d’équipe évoluant à des rythmes différents et par des manières différentes exige que l’enseignant laisse la place pour les jeunes développent leurs propres leadership.

 

            Nous avons aussi remarqué que ce transfert de l’autonomie aux élèves se passe naturellement lorsque différentes équipes partent en tournage. Il est quasi impossible de savoir alors la position exacte des compagnies de productions dans le déroulement du projet. Par contre, au premier abord, cette manière de travailler pourrait porter à croire que l’enseignant a perdu le contrôle sur sa classe, alors que nous n’avons pas besoin de regarder longtemps, pour réaliser qu’ils sont alors, plus engagés dans la tâche qu’ils réalisent que tout ce qu’un système de «contrôle externe» pourrait avoir comme impact sur eux.

 

5.2.4 L’intégration accrue des TIC.

 

            L’utilisation des TIC à elles seules semble avoir un pouvoir motivationnel intrinsèque. Il est donc tout à notre avantage de favoriser l’emploi dans un projet. Maintenant en employant un projet qui rejoindra plusieurs compétences disciplinaires (arts, musique, français oral, français écrit, français lecture), on dépasse la simple remise au propre d’un projet écrit par exemple.

 

            Il est éminemment important d’intégrer cet élément dans lequel les élèves se sentent compétents. Même si l’enseignant ne se sent pas tout à fait à l’aise, l’important est qu’il poursuive l’élément soulevé par la recommandation 5.2.3, soit que son rôle dans le projet doit rester au niveau de l’évolution du jeune, et non, de devenir un opérateur informatique qui saura répondre aux problèmes techniques.

 

            Autant, il devra se soustraire à l’idée de donner ou imposer des méthodes pour certaines parties du projet, autant au niveau informatique, il est à son avantage de pas nécessairement avoir un haut niveau des connaissances des logiciels employés. L’important ici est de proposer une utilisation des TIC et ensuite, amener son groupe à trouver les réponses aux problématiques rencontres. L’instauration d’un conseil de projet pourrait être une solution à ce manque chez l’enseignant par exemple, où une réunion spontanée de la classe pourrait les amener à proposer les problèmes rencontrés dans une équipe et d’écouter la réponse d’une autre sur les stratégies qu’elle aurait développée afin de répondre à un problème similaire.

 

            Ainsi, à la lumière du présent projet intitulé Cinéma Extrême, malgré la grande connaissance de l’enseignant en intégration TIC, sans avoir utilisé des mécanismes planifiés dans le projet afin de permettre aux élèves de trouver des solutions à leurs difficultés autant personnelle, temporelle que technique, le projet n’aurait jamais pu être complété.

            Cette avenue, soit que l’enseignant n’a pas nécessairement à avoir un haut niveau de compétence en intégration TIC afin de réaliser un projet sur lequel les TIC dépendent, est novatrice et demande qu’on y porte une attention particulière dans les années qui s’en viennent. Car la discordance entre la réalité des jeunes qui passent plus d’heures devant leurs ordinateurs, cellulaire, iPod, clavardage, médias, dans leurs loisirs que dans toute autre activité mérite qu’un apprentissage de saines habitudes et de l’utilisation de stratégies efficaces soient mis de l’avant par les pédagogues d’aujourd’hui.

 

            Autant il nous est rendu de plus en plus urgent d’actualiser nos méthodes pédagogique, vu la réalité dans lequel baigne nos jeunes canadiens en 2008, autant il est important de viser un développement complet des jeunes et ainsi, dépasse la simple passation désuète de connaissances.

 

            Terminons sur un petit fait cocasse. Un des élèves qui, pour une première année de tout son primaire, avait réussi à connaître une baisse significative dès ses cas de comportement, avait dit à un ami qu’il aimait tellement sa sixième année, qu’il pensait échouer juste pour rester avec M. Stéphane… Mais malheureusement pour lui, ses résultats académiques améliorés ne lui ont pas permis de réaliser ce … rêve.