Suite à l’analyse en détail des résultats obtenus lors de la seconde année du déploiement de l’approche, j’en suis venu à me demander quels étaient les éléments des trois sphères (gestion de classe, amélioration de la lecture ou la recherche d’informations, et la progression) qui semblent avoir le plus d’impact au niveau de l’engagement et de l’apprentissage des stratégies qui mènent au succès académique. En procédant par élimination, j’en arrive à 5 ou 6 éléments à sublimer à vos pratiques (pendant 30 à 40% du temps de classe) afin que vous puissiez obtenir, vous aussi, des résultats similaires au niveau des résultats et de l’engagement des jeunes.

La majorité des interventions de la pédagogie 3.01 repose sur la bulle rouge, soit la progression. L’intention est d’arriver à modifier la perception qui est portée aux évaluations de cette manière. Il sera donc normal de voir comment l’implantation de cette emphase vient engager l’élève dans sa propre progression. Dans le tableau suivant, vous trouverez ces fameux 5 éléments. De plus vous pourrez y lire des explications, et ce qu’en pensent sommairement les élèves. En effet, ils ont répondu à un questionnaire où ils devaient “coter” pas moins de 57 éléments de la pédagogie sur une échelle de 1 à 10. Plusieurs éléments arrivant ex aequo, je les ai ensuite replacés sur une échelle de 1 à 23. De cette manière, je vous partagerai le rang des élèves concernant leurs perceptions sur les différents éléments que je crois qui ont un impact observable sur leur réussite.

5 éléments de la pédagogie 3.01

ayant le plus d’impact sur les résultats.

 

Classement selon l’enseignant Classement selon les élèves
Number-1-iconp-progression170p-médaille2 Number-2-icone position sur 23
Impact le plus important : Catégorie progression : Les Médailles.La première position revient définitivement aux médailles et voici l’explication sur son fonctionnement :

  • Il manque 10 points à Julie qui a 90% pour obtenir le 100%.
  • Il manque 40 points Philippe qui a 60% pour obtenir le même 100%.

Or, si Julie monte de 10 points dans une évaluation, elle obtient alors la note de la “perfection”, soit 100%. Alors que si Philippe progresse des “mêmes” 10 points, il obtient alors 70%. À mon avis, ces mêmes “10 points” ne démontrent pas la même progression pour les deux. Il fallait donc penser hors de la boite et voici ce que j’ai trouvé:

  • Si on pense en % de progrès, alors là, tout devient possible:
    • Disons que Julie atteint 92% dans une évaluation, elle a donc progressé de 2 sur un total possible de 10, soit une progression de 20%!
    • Si Philippe obtient par exemple 70%, il a donc progressé de 10 points sur un total de 40, soit une progression personnelle de 25%!
  • Avec ce calcul par rapport à la note du dernier bulletin, on peut réellement voir apparaitre des suivis individualisés et surtout, relativiser réellement les progrès de chacun.

Maintenant lorsque je remettais les résultats aux élèves en écrivant qu’un élève avait 70% avec une progression de 25%, tous étaient confus… J’ai donc transféré les % de progrès en médaille. Ainsi si un élève a moins que la note de son bulletin antérieur, il obtient une “participation” (car l’élève n’a pas su profiter de cette évaluation pour progresser). Voici les % de progrès et leurs médailles (je parlerai du pointage qui est alloué à chacune des médailles dans le prochain point).

2014-08-12 09_01_10-Microsoft Excel utilisation non commerciale - 504-2014-copie 1er mai backup

Ainsi, si l’élève obtient un résultat plus bas que la note de son dernier bulletin dans cette compétence, il reçoit une mention de “participation” à côté de sa note en % sur son évaluation. Car en fin de compte, il n’a pas su profiter de cette évaluation pour progresser, il a donc “participé” à l’évaluation. De 0 à 9,9% de progrès, il aura “certificat” de marqué à côté de son résultat et ainsi de suite. En agissant de la sorte, on détourne l’attention du résultat vers la progression. De cette manière tous ont accès à ce nouveau “succès”, car les plus forts ne peuvent pas “s’assoir” sur leurs lauriers, et les plus faibles réussissent parfois à obtenir de meilleures médailles que des “plus forts”! Résultat, tous démarrent leur déploiement de stratégies, ce qui génère ensuite de l’engagement clairement intrinsèque! Car je dois ajouter, que ni ces médailles (ni les points à côté) ne donnent rien à l’élève, rien d’autre qu’une information sur sa progression. Ainsi, les élèves courrent après leur progression et non après un “titre”. Fait divers : nous avons voté au conseil, et ce, pour deux élèves, une réduction de leur note (dans mon fichier Excel et non dans le bulletin) afin qu’ils puissent continuer à participer aux interactions du point 2. Puisqu’ils ont obtenu des 100%, ils ne pouvaient plus “s’améliorer” et c’est pourquoi ils ont amené cette solution à la classe qui a accepté!!!

2014-08-07 22_29_26-Microsoft Excel utilisation non commerciale - 504-2014 final avec notes a caroli Toutefois, si on veut s’en sortir lors de la correction, nous avons besoin d’un puissant fichier Excel que j’ai développé et que je rendrai disponible sous peu. Ce dernier compare le résultat d’une évaluation en temps réel avec la note de la dernière étape et vous soumet la médaille que se mérite l’élève. Ainsi, dans la case rouge, vous indiquez le maximum de points de l’évaluation ou de l’observation (qui fonctionne aussi avec des lettres pour les observations), puis vous indiquez le total que vous avez obtenu lors de la correction. Le fichier transforme ce résultat en % dans la colonne suivante, et génère la médaille en fonction de la note de la dernière étape dans cette matière spécifique! Remarquez que deux élèves ont eu 75% et pourtant, ils ont obtenu des médailles différentes, car le dernier avait une note plus forte lors du dernier bulletin.
Selon les élèves, les médailles arrivent au 2e rang des éléments les plus importants pour eux. Il est ex-aéquo avec le fait que les jeunes peuvent se déplacer librement dans la classe, sauf lors des moments où une démonstration ou une consigne est donnée.À la question :”est-ce que vous recommanderiez à d’autres enseignants d’utiliser le principe des médailles”, voici quelques citations d’élèves:

Oui parce que si on fait les médailles et tout ça, ça nous encourage à faire très bien pour avoir le plus haut niveau et bien nous améliorer. – Haashir

 

Oui parce que c’est un challenge plus amusant que de n’avoir seulement que la note. -Kamil

 

Oui parce que ça nous aide à progresser. -Stancy

 

Non, car quelqu’un pourrait modifier l’invention des médailles et dire que ça vient d’eux. -Sebastian

 Number-2-iconp-progression170p-investissement-excemptionp-clansp-combats  Number-3-icon&Number-4-icon e position sur 23
Bien que je semble tricher ici et mettre 3 éléments, en fait, les 3 font référence à la manière de réaliser les évaluations.

p-investissement-excemption Catégorie Progression: L’investissement/exemptions

  • L’investissement : Lorsque les élèves remettent leurs copies, ils peuvent décider de “miser” des Riens (les Riens sont le système monétaire de la classe que les élèves obtiennent en réalisant différentes tâches (responsabilités de classe), lors des projets (subventions) et par investissement (achat de pupitres et autre…)). Si l’élève croit obtenir une médaille d’or ou plus, il peut alors miser jusqu’à 150 Riens. S’il obtient un “double or”, la mise est triplée, et un trophée lui quadruple sa mise. S’il a un argent par contre, il perd sa mise. Sur son pupitre, il a une photo qui lui indique combien il doit avoir pour obtenir telle ou telle médaille (généré par le fichier Excel).
  • Certains enseignants m’ont alors averti que j’encourageais les élèves au vice de la gageüre avec cette méthode. En fait l’élève mise sur sa propre réussite et non sur du hasard, alors à mon sens, c’est juste une autre manière de féliciter la progression.
  • L’exemption : Que l’élève mise ou non, s’il obtient plus qu’une médaille d’or (30% de progression par rapport à son dernier bulletin), il est exempté de la prochaine évaluation qui touche le même thème… Étrangement, même exemptés, les élèves veulent souvent faire l’autre évaluation… C’est à croire que la progression engendre le dépassement!
p-clans Les clans Excel
Ici, j’étais un peu las de lire que l’enseignement réciproque était ce qui fonctionnait le plus. Malgré tous les vidéos vu sur la chose, parfois même réalisé en classe où on voit des élèves très disciplinés qui s’entraident, dans ma réalité, ça ne fonctionnait juste pas… Les élèves du premier quartile (plus faibles) sapaient systématiquement chacune des équipes dans lesquelles ils choisissaient ou généraient encore plus de problèmes lorsque je les placais… En c’était ces derniers qui auraient le plus bénéficié des avantages de cette pratique… Il me fallait trouver une stratégie afin que ce premier quartile devienne une denrée attrayante avec des associations gagnante-gagnante… Et les clans me sont apparus comme étant une solution incroyablement viable.Comment fonctionnent les clans? C’est simple, les élèves se placent comme ils le veulent ensemble et s’entraident face à une évaluation qui s’en vient. Les élèves connaissent la matière à étudier et ont parfois déjà traversé une préévaluation qui a été corrigée soit par l’enseignant ou par eux-mêmes… Via l’entraide et l’encouragement, ils réalisent chacun à leur place, l’évaluation sur la notion (qui peut parfois être un test de lecture)… Et le fichier Excel cumule alors les points associés aux médailles et trouve le clan “gagnant”.

  • De cette manière, les plus forts ont tout avantage à courir après les plus faibles, car c’est assez facile de faire progresser des plus faibles si on sait les écouter et les aider… Ces derniers deviennent alors reconnaissants d’avoir plein de gens qui essaient de les aider, s’ouvrent et deviennent favorables aux stratégies montrées par un pair.
  • Les plus forts n’ont alors aucun avantage à “planter” les plus faibles, car ils s’efforcent alors d’expliquer les stratégies qu’ils ont et qui fonctionnent.
  • Ceux du milieu (quartile 2 et 3) s’entraident en s’échangeant leurs stratégies.
  • Le soir, ou le matin, on les voit se réunir dans la cour et se conseiller des derniers trucs…

Une fois assis en face de l’évaluation, le plus fort doit aussi se dépasser, car sinon, si Julie obtient 85% (elle a -5% par rapport à son dernier bulletin), elle obtiendra alors une “participation” et fera perdre 2 points à son équipe! Bien sûr, la compilation des résultats est faite sans effort par le fichier Excel.

Comment on annonce les résultats? Simplement lors de la remise des copies des élèves… Et malgré que rien ne se produisait (l’équipe gagnante ne recevait rien, vraiment rien), l’effet d’entrainement et d’entraide a su rester toute au long de l’année… En fin de compte, c’est un système ajouté à la progression, simplement pour le plaisir d’une compétition saine et les élèves sont plus reconnaissants de tisser de nouveaux liens, de nouvelles réussites et de beaux apprentissages…

p-combats Les combats.
Après analyse afin de savoir qui investissaient et qui semblaient plus profiter les clans, le premier quartile restait toujours difficile à rejoindre. Certes, leurs résultats oscillaient, mais la constance dans la progression tardait à apparaitre (le fichier Excel me donne les résultats de chaque quartile à chaque évaluation). Ils avaient investi et perdu beaucoup de Riens, ils retiraient des bénéfices des clans, mais lors des évaluations, ils regardaient souvent par la fenêtre, manquaient de temps, et progressaient de 5 à 10%… Pas assez selon moi.Et là m’est venue l’idée des combats. Tout juste avant les évaluations, ceux qui sentent pouvoir se battre, se lèvent et se lancent des défis à un autre élève debout. Lorsque la “provocation” est acceptée, les élèves se placent face à l’autre, ajoutent un cartable entre les pupitres, et réalisent l’évaluation. Le gagnant du combat est celui qui obtient la plus haute médaille, et non la note la plus haute… C’est donc une compétition très saine, car elle ne sert qu’à supporter son dépassement personnel!
batailles.jpg

Maintenant si on regarde ce graphique que j’ai réalisé après avoir analysé quelques évaluations (celles où il y avait une progression) j’ai pu me rendre compte que l’investissement semblait encourager les élèves les plus forts alors que les combats supportaient plus les plus faibles! Attention, je n’ai quand même pas analysé tous les tests, et il ne faudrait pas tirer trop rapidement des conclusions. Toutefois on voit clairement une tendance :

mises vs combats

  • Les exemptions et les combats arrivent ex-éaquo avec la dictée folle en 3e position.
  • Les clans quant à eux arrivent à la place suivante au même “niveau” que le conseil de coopération.
  • Étrangement, ces 4 premières positions arrivent avant l’utilisation des TIC en classe! C’est donc dire que les élèves deviennent plus intéressés par leur progression que par l’utilisation des TIC!
  • C’est donc dire que cette utilisation des médailles semble être très appréciée autant du pédagogue que des élèves. 

C’est aussi selon moi, ces deux éléments (médailles et ces 3 stratégies lors des évaluations) qui, lorsqu’utilisés conjointement, ont pu avoir le plus d’impact sur la progression des élèves.

Maintenant, qu’en disent-ils?

Tous les élèves disent que les clans Excel est ce qui les a le plus aidés pour obtenir de meilleurs résultats.

“Recommanderais-tu l’utilisation de l’investissement à d’autres profs”?
Oui, mais je n’ai pas misé. -Jarett

 

Oui, c’est bon, ça te donne du courage et tu sais que tu auras une bonne note. -Nathaniel

 

Oui, mais au début, ça va être une catastrophe. -Andy (car tous ont misé en ne réalisant pas que c’est difficile à progresser de 30%

 

“Recommanderais-tu l’utilisation des combats à d’autres enseignants”?

Oui parce parfois on est perdu et un peu dans la lune pendant un examen. Le fait de regarder l’autre qui travaille, puis ça nous donne des encouragements de faire le test. À la fin, quand il te donne les résultats, si tu perds, tu vas vouloir le refaire contre lui afin d’avoir confiance que tu vas pouvoir le battre. -Haashir

 

Je n’aime pas les combats même si je ne sais pas pourquoi. -Puneet

 

Oui parce que ça nous encourage. -Maria

 

Oui parce que ça améliore aussi le résultat de l’autre personne contre qui tu combats. -Isabella

 

 

 Number-3-iconp-progression170p-courriel  Number-1-icon Number-9-icone position sur 23.
 Le courriel en un clic du vendredi aux parents.En compilant les résultats dans mon fichier, je me suis dit :”pourquoi ne pas envoyer les notes directement aux parents”? Ainsi, plus de signatures à vérifier (je déteste cette tâche), plus de messages perdus, envoyés, déchirés, ou des signatures simulées! Plus de temps perdu à courir après un élève jusqu’au mercredi (quand on exige les signatures pour le lundi) et où on en oublie parfois…  De plus, j’écrivais de courts messages dans mon tableur Excel et ce denier envoyait un courriel personnalisé à chaque parent. Le tout en un clic! L’élève était certain que le parent aurait tous les résultats de la semaine. Ce dernier arrivait à la maison avec les copies papier des évaluations.Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, cette manière ne m’a pas occasionné plein d’échanges avec les parents. En un clic et en 20 secondes, 20 courriels partaient à la maison… De plus, je dirais que ces envois ont aussi aidé à améliorer le climat de la classe d’environ 30%. Car je n’ai pas commencé l’année avec ce système qui m’a demandé considérablement de temps à développer, mais dès que je l’ai mis en route (vers la fin octobre), j’ai tout de suite vu un changement très très positif en classe! L’année prochaine, j’aimerais que les résultats apparaissent sous forme graphique, mais pour l’instant, voici à quoi pouvait ressembler l’un de ces envois. C’est loin d’être “sexy”, toutefois ça a le mérite d’être quand même très clair :2014-08-12 11_38_31-Pédagogie 3.01 par Stéphane Côté sur Prezi  19e position sur 23, c’est loin d’être intéressant à leurs yeux. Toutefois, dans les commentaires écrits, 70% des élèves étaient positifs à cette utilisation. Voici certains de leurs commentaires à la question : “Recommanderais-tu à d’autres profs d’utiliser l’envoi des courriels du vendredi”?

Non parce que si tu as des mauvaises notes, les parents vont sur leurs téléphones et te chicanent. -Léna

 

OUI! Parce que si tu es gênée de ta note, tes parents le sauront déjà. -Yolanda

 

Oui parce que les enfants sont portés à cacher leurs notes à leurs parents, et avec le courriel, tout le monde sait tout. -Kamil

 

Oui parce que les parents vont savoir ce qui se passe dans la classe. -Maria

 

Non parce si tu as fait quelque chose de mal, tes parents vont le savoir. Et oui parce qu’on oublie parfois de dire des notes ou quelque chose à nos parents, et là, avec le courriel, on s’en rappelle. -Andy

 Number-4-icon l-lecture-centre-150l-quiz  Number-2-icon Number-3-icone position sur 23!
 Si l’on délaisse l’aspect de la performance, dans la section de la recherche d’information, le Jeu-questionnaire sans le texte est ce qui semble être très payant.Il m’est souvent arrivé, lors de la correction, de comprendre ce que l’élève voulait dire, ce qui lui donnerait 4 points sur 4, mais si je lis seulement ce qui est écrit sur la ligne, sur l’énoncé de l’élève et que je suis intransigeant, l’élève obtient alors un 1 ou un 2… Je pourrais bien mettre 4, mais ce serait alors un jugement de ma part, jugement qui n’est pas à mon sens toujours éthique d’être fait, car bien qu’on ne cherche pas “la réponse”, on s’attend à ce que le jeune ait développé une certaine capacité à s’exprimer suffisamment clair. Avec cet exercice difficile du jeu-questionnaire sans le texte, j’arrive à leur faire découvrir les lacunes d’un mauvais repérage d’informations, ainsi qu’une écriture de réponse difficilement compréhensible. Voici comment je fonctionne.

  1. Une fois par semaine, les élèves ont une période le matin pour lire un même texte pour toute la classe. Ils ont alors le plan de l’avant-midi et s’organisent comme ils le veulent pour prendre le temps nécessaire à accorder au texte. Lors de la lecture, ils vont prendre des notes de la manière qu’ils préfèrent (après beaucoup de modélisation des différentes méthodes).
  2. Puis en après-midi, je vais lire les 10 questions oralement que j’ai bâties en lisant le texte. Ceci est pour éviter que la lecture des questions soit une difficulté supplémentaire pour ceux qui ont de la misère à lire. Et pour répondre aux questions, ils ont le droit qu’à leurs notes prises et non le texte original.
  3. Ensuite, on passe la copie à un autre élève et on fait la correction en grand groupe. Chaque réponse compte pour 2 points et le total sera sur 20 malgré qu’il y ait parfois des questions bonus. Lorsqu’un correcteur n’est pas certain du nombre de points à accorder, il lève sa main et avant de lire la réponse, il estime combien il attribuerait (0, 1 ou 2 points). De cette manière, les élèves apprennent à reconnaitre la “valeur” des réponses, et découvrent alors que souvent, les réponses sont incomplètes…

 

Et une fois rendu seuls, lors d’une évaluation d’étape, ils savent plus comment écrire une réponse complète, et comment discerner dans un texte, les parties importantes de celles accessoires. Dans les jeux-questionnaires, ils ont normalement des notes beaucoup plus basses que lors des évaluations d’étapes, car le degré de difficulté est très élevé… Toutefois avec les 30 textes lus ainsi de manière hebdomadaire, l’expérience se bâtit et donne des résultats réels lors des évaluations.

Vous avez peut-être remarqué que la pastille du “jeu-questionnaire sans le texte” est grise plutôt que bleue, c’est que cet exercice n’a pas le sceau “pédagogie 3.0”, car le texte et les questions sont choisis par moi. Un exercice similaire (la bague d’Avallon) et quant à elle bleue, et à ce moment, les questions sont écrites par les élèves. Bien que cet exercice soit stimulant, le jeu-questionnaire sans le texte semble avoir un meilleur impact sur la réussite et la compréhension de texte.

 Ici, je crois que malgré le fait que cette expérience semble être la moins agréable de tous les éléments de la pédagogie 3.0, je crois que je continuerais à la faire, car j’ai vu combien ce pouvait être payant au niveau de l’apprentissage. On a bien sûr fait d’autres exercices pour améliorer la lecture, toutefois je suis convaincu que celle-là a payé plus que les autres.Maintenant sur tout l’ensemble des stratégies de recherche d’informations, ils étaient laissés libres de commenter l’un ou l’autre des exercices et je vous partage ici ceux qui l’ont fait face aux jeux-questionnaires sans le texte.

 

J’aime les questions sans le texte parce que ça t’aide, c’est comme une stratégie. -Nicholas

 

Je n’aime pas les jeux-questionnaires sans le texte, car c’est dur à faire. -Haashir

Number-5-icong-gestion150g-respect  Number-1-icone position
 Bien que sur les 20 premiers éléments (des 57 proposés), la majorité soulignée par les élèves était au niveau de la performance scolaire, la gestion de classe est apparue en second rang. L’instauration d’un système qui supporte l’ambiance de classe tout en respectant les élèves est primordiale. Un élève travaille parce qu’il a confiance en son enseignant, et s’il n’a pas la confiance, alors il n’entendra rien des trucs, et sparages que l’enseignant pourrait faire pour l’aider. L’élève sait par contre reconnaitre les enseignants qui s’intéressent vraiment à eux versus ceux qui le font comme “manipulation”. Même si un élève a été très turbulent la veille, je l’accueille comme au premier jour, chaque matin. Car dites-vous bien que si vous avez pensé à lui le soir, lui aussi aura pensé à vous!Bien que j’ai déjà écrit deux articles sur le sujet (plus de 25 000 personnes ont visité les 13 trucs pour instaurer le respect, et les 9 ajustements de septembre), le plus important reste au niveau de la relation un à un avec chacun. Et cette relation est constamment à recommencer, quotidiennement. C’est pourquoi l’entrée en classe est un moment capital, où chacun y est accueilli par leur prénom. Personne ne peut me déranger pendant ce moment, même pas la direction, car l’accueil de chacun est important pour moi. Ça me permet d’ausculter leurs prunelles et de voir si certains ont bien ou moins bien commencé leurs journées et ainsi évité des surprises.Ensuite la majorité des interventions sont faites dans le corridor pendant que les autres travaillent. Et mon discours tourne autour non pas des évènements, mais plutôt au niveau de ce que j’appelle “le niveau d’excitation” ou d’impulsivité. Sur une échelle de 1 à 5, où le 1 représente quand l’enfant est en contrôle de lui-même et 5 où il est fou à lier, je questionne pour savoir comment se sentait l’élève (à quelle valeur) à tel ou tel moment. Et si je sens qu’un est à 3, soit sur le bord de perdre le contrôle, je n’ai qu’à lui demander “À combien te trouves-tu présentement” et souvent, cette simple intervention en prévention le fait descendre de 1 ou 2 sur son échelle. Ainsi, je respecte le jeune, tout en l’outillant sur sa connaissance. Et si je suis en désaccord avec son autoévaluation, je ne lui dis pas qu’il ment, et qu’il est plus à 4 par exemple, mais je lui dis : “de l’extérieur, ça ressemble plus à un 4, car tu n’es même pas en mesure de me regarder présentement, et normalement, à 3, tu es en mesure de le faire”. Ainsi, sans la pression du jugement, l’élève apprend dans le respect.Lorsque je demande l’attention ou le silence, je le fais en étant moi-même silencieux et non en criant. En fait, la dernière fois que j’ai crié dans un groupe remonte à mai 2004… Certes, le cri fonctionne pour avoir l’attention, mais si c’est notre seul outil, il faudra crier, répéter, et crier “plus fort” dans deux mois si on veut encore obtenir l’attention…La place des élèves dans la classe est importante et peut-être choisie par les élèves avec un support de l’enseignant, le post-it est le meilleur outil dans ce domaine et il n’y a aucun système d’émulation, pas de “nanane” si tu agis bien… Il y a par contre des contraventions sporadiques, mais pas systématiques.

Enfin, mes élèves peuvent manger leur collation et se lever quand ils le veulent, avec l’exception que lorsque quelqu’un s’adresse au groupe (démonstration, explication, consigne éclaire), et peuvent toujours choisir leur place dans le rang. Il y a certes une légère cacophonie au début, mais très vite, tout rentre dans l’ordre et ça demande beaucoup moins d’attention de l’enseignant que de constamment contrôler le moment où on peut se lever, manger, se laver les mains…

 Au premier rang (sur 23), on retrouve :

  • L’enseignant me salue en nommant mon prénom tous les matins.
  • L’enseignant me laisse choisir ma place dans la classe.

Au second rang :

  • Le fait que l’enseignant me laisse me déplacer librement dans la classe.

Au quatrième :

  • Le conseil de coopération 2.0

Au 6e rang :

  • Le fait que l’enseignant essaie de t’aider à te contrôler toi-même.

Voici quelques commentaires sur la gestion des places avec le post-it:

Je trouve ça bon parce qu’un post-it, c’est comme un avertissement silencieux. -Sébastian

 

Des fois, on fait des mauvais choix d’amis et les post-its nous rappellent de prendre les bons choix. -Nathaniel

 

J’aime choisir ma place, car je suis une grande fille. -Stancy

 

 

Number-6-icon Bien que le titre mentionne les 5 éléments qui ont le plus d’impact, le système des Riens est un puissant outil qui sert à l’encouragement par les pairs. Bien que dans toutes les conférences que j’ai réalisées, cet élément semblait souvent intéressé beaucoup de gens, toutefois peu l’essaie… Un système d’émulation demande du temps et instaure un contrôle sur les élèves, et exige une vigilance constante de la part de l’enseignant. Si ce dernier le délaisse quelques jours, les comportements qu’on voulait voir disparaitres reviennent au galop. Bref, c’est ainsi que l’enseignant sape le gain d’autonomie des élèves, en les contrôlant et en se disant que lorsqu’ils relâchent le système d’émulation, les élèves ne sont pas assez autonomes, et c’est pourquoi ils modifient leur système, mais toujours dans l’optique du contrôle. Ce qui vicieusement embarque les élèves dans la roue du désengagement et non de l’apprentissage des bons comportements. Le système des Riens quant à lui n’est pas un outil pour contrôler, c’est un outil pour rendre l’élève plus autonome… Il supporte l’engagement dans la performance et supportera la création d’exercices (section permanence). Mais il y aurait matière à un billet entier sur le sujet, en attendant, si vous voulez en savoir un peu plus, je vous invite à visionner la première partie de cette vidéo.

 En conclusion

Tout ce que l’on fait a un impact, mais ce n’est pas tout ce que l’on fait a un grand impact.

Dans les faits, je crois que le sentiment latent de la “constance urgence” qui rassemble:

  • les imprévus,
  • les photocopies,
  • les comités,
  • les bulletins,
  • les messages aux parents,
  • Les signatures à vérifier,
  • les exigences de la direction et des pairs,
  • les trois élèves qui arrivent sans leurs bottes au retour des fêtes,
  • les 3 qui n’ont pas déjeuner,
  • l’autre qui mâche une gomme,
  • l’autre encore qui a une barre de chocolat comme collation,
  • l’ordinateur du prof qui tarde à démarrer, on a beaucoup de misère à réussir à avoir un impact sur la réussite des élèves.

Toutefois, si on y arrive, sur l’ensemble des élèves, alors un changement clair se produit, un soulagement sur les épaules de l’enseignant apparaît et un entrain généralisé s’installe. Et c’est ce à quoi j’ai dédié les deux dernières années en classe et que je vous partage ici. Les médailles (approche axée sur la progression) est la plus puissante des découvertes que j’ai réalisé au niveau d’engager plus de 80% des élèves d’une classe, et les post-it sont ce qui m’a libéré du “tiraillage” entre le fait de les laisser choisir leurs places, ou de m’imicer dans leurs choix.

Si j’enseignerais l’année prochaine, j’introduirais d’autres sublimations d’exercices, et je suis certain qu’on pourrait atteindre un +9% de progrès moyen chez plus de 90% des élèves d’une classe. Mais je serai dans la classe des autres, à visiter d’autres enseignants afin de soulager leur tâches…